Introduction
L’introduction des allergènes prioritaires est une étape essentielle de la diversification alimentaire. Longtemps redoutée par les parents, elle est aujourd’hui mieux comprise, mieux encadrée et surtout… plus sécuritaire qu’on ne le croit.
Pendant des années, on conseillait d’attendre : pas d’œuf avant 1 an, pas d’arachide avant 3 ans… Pourtant, les nouvelles études scientifiques ont complètement changé la donne. Aujourd’hui, on sait qu’introduire tôt les allergènes peut aider à prévenir les allergies plutôt qu’à les provoquer.
Alors, comment s’y prendre concrètement ? À quel âge ? Dans quel ordre ? Et surtout, comment le faire sans stress ?
Voici le guide complet pour comprendre et introduire les allergènes chez bébé, en toute sécurité, selon les recommandations les plus récentes (2025).
Comprendre les différents types d’allergènes
Avant de se lancer, il est important de comprendre de quoi on parle. Tous les allergènes ne se valent pas : on distingue les allergènes prioritaires, les émergents et les panallergènes.
Les allergènes prioritaires
Ce sont les plus connus : ceux qui provoquent la majorité des allergies alimentaires chez les enfants et les adultes.
En France, il y en a 14 :
- Lait
- Œuf
- Poisson
- Crustacés
- Mollusques
- Arachide
- Soja
- Fruits à coque (amande, noisette, noix, pistache, noix de cajou…)
- Blé (gluten)
- Céleri
- Moutarde
- Graines de sésame
- Lupin
- Sulfites
Ils se divisent en deux catégories :
- Les allergènes “seuls”, comme le lait, l’œuf ou le blé, qui sont des entités uniques.
- Les allergènes “spécifiques”, comme les poissons ou les fruits à coque : chaque aliment de la catégorie est un allergène à part entière. Un enfant peut donc être allergique à la noix mais pas à l’amande, ou au saumon mais pas au thon.
Les allergènes émergents
Ils sont plus récents, moins connus, mais de plus en plus fréquents. Le réchauffement climatique, la pollution et nos nouvelles habitudes alimentaires favorisent leur apparition.
Parmi eux : le sarrasin, le sésame, le kiwi, les laits de chèvre ou de brebis, les pignons de pin, les lentilles ou encore certains produits de la ruche.
Ils représentent encore une minorité des cas, mais leur fréquence augmente rapidement.
Les panallergènes (ou allergies croisées)
Ce sont les fameuses réactions croisées entre pollens et aliments. Par exemple, un enfant allergique au pollen de bouleau peut réagir à la pomme ou à la noisette.
Ces allergies sont de plus en plus fréquentes, notamment à cause de l’augmentation des pollinoses et de la pollution, qui rend les pollens plus allergisants.
À quel âge introduire les allergènes ?
C’est LA grande question que se posent tous les parents. Et la réponse a beaucoup évolué.
Pendant longtemps, les recommandations conseillaient d’attendre : introduire tardivement les aliments allergènes pour éviter les réactions. Mais cette approche a été abandonnée.
Aujourd’hui, toutes les grandes instances (OMS, Santé Publique France, EAACI, Société Française de Pédiatrie, Allergies Canada, etc.) s’accordent sur un point :
Il ne faut plus retarder l’introduction des allergènes.
La période idéale : la “fenêtre de tolérance”
Les études ont montré qu’il existe une fenêtre de tolérance entre 4 et 6 mois, période pendant laquelle le système immunitaire du bébé apprend à reconnaître les protéines alimentaires sans les rejeter.
Introduire les allergènes pendant cette période réduirait fortement le risque de développer des allergies plus tard.
L’étude LEAP, menée sur des nourrissons à haut risque, a montré une réduction de 80 % des allergies à l’arachide lorsque celle-ci était introduite entre 4 et 11 mois.
D’autres études ont confirmé l’effet protecteur d’une introduction précoce des œufs cuits.
En pratique :
- Si ton bébé a commencé la diversification (entre 4 et 6 mois), tu peux déjà commencer l’introduction des allergènes.
- Pas besoin d’attendre qu’il ait goûté “tous les fruits et légumes” avant.
Comment introduire les allergènes en toute sécurité
Introduire les allergènes n’a rien de risqué si c’est bien fait. Voici la méthode recommandée par Allergies Canada et validée par les sociétés pédiatriques internationales.
1. Toujours à la maison
La première introduction doit se faire à la maison, jamais à la crèche ou au restaurant. Choisis un moment calme, où tu pourras observer ton bébé pendant deux heures après le repas.
2. Quand bébé est en forme
N’introduis pas un nouvel aliment allergène quand ton enfant est malade, fiévreux ou sous traitement. En cas de réaction, cela compliquerait le diagnostic.
3. Commencer petit
Commence par une minuscule quantité (l’équivalent d’une tête d’épingle ou d’un quart de cuillère à café).
Attends 10 minutes.
Si aucun symptôme n’apparaît, continue le repas normalement.
4. En purée ou à la cuillère
Même si tu pratiques la DME, les premières fois, préfère une texture lisse (purée, yaourt, compote enrichie…) plutôt qu’un aliment à manipuler. Cela évite les irritations de contact autour de la bouche, parfois confondues avec des réactions allergiques.
Une fois l’aliment introduit plusieurs fois sans souci, tu pourras le proposer sous d’autres formes : morceaux, pancakes, recettes DME, etc.
5. Un allergène à la fois
Si tu proposes plusieurs allergènes le même jour et qu’une réaction survient, tu ne sauras pas lequel est en cause. Introduis-les donc séparément, à 24 heures d’intervalle environ.
6. Le bon moment de la journée
Introduis les allergènes plutôt le matin ou au déjeuner. Si une réaction devait survenir, tu pourras agir sans risque de passer à côté pendant la nuit.
7. Maintenir la tolérance
C’est l’un des points les plus importants — et souvent oubliés.
Introduire un aliment une seule fois ne suffit pas. Il faut continuer à le proposer régulièrement (2 à 3 fois par semaine).
Sinon, la tolérance peut disparaître avec le temps.
Exemple :
Bébé goûte du beurre de cacahuète à 6 mois, mais n’en remange plus avant ses 3 ans. Entre-temps, il peut devenir allergique.
Dans quel ordre introduire les allergènes ?
Il n’existe pas d’ordre “officiel”, mais voici une logique simple, issue des recommandations combinées de la SFP et d’Allergies Canada.
| Priorité | Pourquoi c’est utile | Exemples |
|---|---|---|
| Allergènes de base des recettes DME | Ils servent de fondation aux repas maison | Œuf, blé, poudre d’amande, lait |
| Allergènes riches en fer | Bébé a de forts besoins en fer dès 6 mois | Œuf, poisson, oléagineux |
| Allergènes courants en produits industriels | Pour éviter les réactions imprévues plus tard | Lait, blé, œuf, poisson, céleri |
| Allergènes fréquents à la maison | Adaptation aux habitudes familiales | Crevettes, fruits à coque, moutarde |
| Allergènes liés au terrain familial | À introduire avec prudence ou sous supervision médicale | Selon les antécédents familiaux |
💡 Si tu as un doute ou un terrain familial allergique (eczéma sévère, asthme, allergies alimentaires connues), fais valider ton plan avec un allergo-pédiatre avant de commencer.
Exemples concrets d’introduction
- Arachide : une cuillère de purée de cacahuète bien lisse, mélangée à de la compote ou du lait maternel.
- Œuf : un quart d’œuf dur écrasé dans une purée, ou un mini pancake DME avec œuf bien cuit.
- Poisson : du cabillaud vapeur écrasé avec un peu d’huile.
- Lait : via des préparations à base de lait entier pasteurisé (béchamel, purée, crêpes).
- Blé : via une bouillie de semoule, de pain ou de pancake.
- Fruits à coque : uniquement sous forme de purée fine (jamais entiers ni en morceaux).
- Soja : via du tofu soyeux ou une sauce soja réduite en sel.
Les signes d’une réaction allergique
Les réactions allergiques sont le plus souvent bénignes et progressives, surtout lors des premières expositions.
Réactions légères (non graves)
- Rougeurs autour de la bouche
- Petites plaques sur le corps
- Gonflement localisé des lèvres ou des paupières
- Vomissements isolés
- Démangeaisons
Dans ce cas :
- Arrête immédiatement l’aliment suspect.
- Note la date, l’heure, le repas complet et l’aliment testé.
- Prends des photos si possible.
- Consulte ton médecin ou ton allergologue pour avis.
Réactions graves (anaphylaxie)
Elles sont très rares chez les nourrissons, mais nécessitent une action rapide.
- Difficulté à respirer
- Gonflement du visage ou de la gorge
- Vomissements répétés
- Pâleur, perte de tonus
- Perte de conscience
Dans ce cas, appelle immédiatement les urgences (15 ou 112).
Et après une réaction ?
Une réaction allergique ne veut pas forcément dire que ton enfant restera allergique à vie.
Seul un professionnel pourra poser le diagnostic. Il peut te proposer :
- Des tests cutanés ou sanguins
- Un test de provocation orale (en milieu médical)
- Un protocole de désensibilisation si nécessaire
Si plusieurs allergies sont confirmées, un diététicien spécialisé pourra t’aider à rééquilibrer l’alimentation de ton enfant pour éviter les carences tout en maintenant le plaisir de manger.
En résumé
- Les allergènes doivent être introduits entre 4 et 6 mois, dès le début de la diversification.
- Il ne faut plus retarder leur introduction, même chez les bébés à risque.
- Commence par de petites quantités, à la maison, quand ton bébé est en forme.
- Surveille pendant deux heures après l’ingestion.
- Un seul allergène à la fois, introduit dans une texture lisse et tiède.
- Continue de le proposer régulièrement pour maintenir la tolérance.
Mon mot de fin
L’introduction des allergènes, c’est souvent une étape qui fait peur aux parents et c’est normal. Personne n’aime l’idée qu’un simple aliment puisse déclencher une réaction.
Mais les connaissances ont évolué, et aujourd’hui, on sait que retarder cette étape augmente le risque d’allergie, au lieu de le réduire.
Introduire tôt, c’est offrir à ton bébé une chance supplémentaire de développer une tolérance durable. C’est aussi lui permettre de découvrir des saveurs variées, de participer à vos repas, et de grandir avec confiance.
Alors respire, prépare une petite cuillère, et fais confiance à ton bébé.
Pour aller plus loin
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Un guide clair, rassurant et pratique pour t’accompagner pas à pas dans cette étape clé de la diversification alimentaire.
- La méthode d’introduction selon les dernières recommandations
- La liste des allergènes prioritaires
- Un exemple de menu sur 4 jours pour introduire 4 allergènes en toute sécurité
- Les signes à surveiller chez ton enfant en cas de réaction
- La fiche “liaison” à imprimer pour introduire les allergènes en milieu de garde, avec ton assistante maternelle
- La fiche à cocher à imprimer pour suivre l’introduction des allergènes
- Mes meilleurs conseils pour une introduction réussie






