Aliments à risque à la cantine : les recommandations officielles enfin réunies (HCSP, AFPA, ANSES)

“Coucou Ana, à la cantine ils donnent des tomates cerises entières et du fromage au lait cru…”

C’est littéralement l’un des messages que je reçois le plus souvent.

Des parents qui s’inquiètent, qui ne comprennent pas pourquoi, en 2025, certaines cantines ou crèches continuent à servir à des enfants de 18 mois, 3 voire 4 ans les mêmes aliments que des adultes.

Et qui me demandent :

“Tu n’aurais pas des ressources officielles à leur transmettre ?”

Alors aujourd’hui, j’ai décidé de créer la base de ressources que j’aurais aimé pouvoir leur envoyer.

Un article que vous pourrez partager à la cantine, à la mairie, à la crèche, à vos collègues pros de la petite enfance, bref : à tous ceux qui pensent encore que “ça va, on a toujours fait comme ça”.

Spoiler : justement, c’est bien ça le problème.

Pourquoi faire de la prévention ?

Parce qu’en 2025, des enfants continuent de s’étouffer ou de tomber gravement malades à cause d’aliments pourtant connus pour être à risque.

Voici quelques articles d’accidents de ces derniers mois / années :

  • Un enfant de 3 ans meurt étouffé avec un grain de raisin : Sud Ouest
  • Fillette morte après avoir mangé une cerise : ces gestes à connaître pour sauver un enfant d’un étouffement (2 ans) : Actu.fr
  • Yvelines : les parents de la petite Rekya, morte en crèche étouffée par un bout de viande, déposent plainte : 20 Minutes
  • L’enfant qui s’était étouffé avec une tomate cerise est décédé au CHU de Poitiers (3 ans) : My Angers Info
  • Enfant mort étouffé par une Knacki : l’entreprise Herta relaxée par le tribunal de Dax : France 3 Régions
  • Belgique : un enfant de 2 ans s’étouffe avec un Babybel : Pourquoi Docteur
  • Aisne : un enfant meurt d’une intoxication alimentaire, six autres cas recensés : Sciences et Avenir
  • Retrait-rappel de fromages Morbier au lait cru de la société Perrin-Vermot en raison d’une possible contamination par la bactérie Escherichia coli : Ministère de l’Agriculture

Ces drames sont évitables. Aucun parent ne devrait se dire “si j’avais su”.

Les études, les chiffres, les cas cliniques, tout existe déjà.

Les recommandations officielles aussi.

Mais elles ne sont ni connues, ni appliquées dans la majorité des structures d’accueil.

Les bébés ne sont pas de petits adultes. Leur trachée est minuscule, leur système immunitaire immature, leur mastication encore en construction.

Et pourtant, chaque jour, ils reçoivent des tomates cerises entières, du pain dur, du saucisson ou du morbier au lait cru à la cantine.

Sur le site de l’Assemblée nationale (25/03/2025), on lit :

M. Emmanuel Blairy interroge M. le ministre auprès de la ministre du Travail, de la Santé, de la Solidarité et des Familles, chargé de la santé et de l’accès aux soins, sur un enjeu de santé publique souvent sous-estimé : l’étouffement, qui entraîne chaque année un nombre significatif de décès en France. Selon Santé publique France, près de 3 500 personnes succombent chaque année à une obstruction des voies respiratoires, soit plus de 8 décès par jour.

Les populations les plus vulnérables sont les personnes âgées, majoritairement touchées en raison de troubles de la déglutition ou de pathologies sous-jacentes, et les jeunes enfants, pour qui l’étouffement reste une cause fréquente de mortalité accidentelle, notamment par ingestion de petits objets ou d’aliments inadaptés.

Les principaux lieux concernés sont les domiciles, où se produisent la majorité des accidents domestiques, et les établissements recevant du public (EHPAD, crèches, cantines scolaires, restaurants), où l’exposition au risque est élevée.

Face à cette situation préoccupante, il apparaît indispensable de renforcer la prévention, la formation aux gestes de secours et la mise en place de dispositifs de sécurité innovants pour agir rapidement en cas d’urgence.

Dans cette optique, il lui demande des données détaillées sur la mortalité par étouffement, avec une répartition par catégories d’âge et lieux de survenue, afin d’adapter les mesures de prévention et de protection à la réalité du terrain.

Source : Question écrite n°5379 – Assemblée nationale

Pourquoi les crèches et cantines continuent de donner des aliments dangereux ?

Parce qu’il n’existe aucune formation obligatoire sur les risques alimentaires spécifiques aux jeunes enfants dans la majorité des cursus de la petite enfance.

Mais aussi parce que les menus sont souvent gérés par des sociétés de restauration collective, pensés pour plaire aux adultes, puis simplement “coupés en petits morceaux” ou « adaptés » pour les bébés.

Certaines équipes manquent aussi de temps, de moyens ou de soutien, et on leur dit souvent :

“Ne t’inquiète pas, on a toujours fait comme ça.”

Et surtout, parce qu’il n’existe aucune sanction lorsqu’une cantine sert un aliment à risque.

On attend un accident pour réagir.

Alors oui, c’est aux parents, aux pros formés, à toi, à moi, de faire circuler l’information, de sensibiliser, d’expliquer, de partager les ressources officielles.

Et c’est exactement ce que tu vas trouver ici.

Quels sont les aliments concernés ?

Deux grandes catégories :

  1. Les aliments à risque d’étouffement, liés à la forme, à la texture ou à la taille de la trachée de l’enfant.
  2. Les aliments à risque de toxi-infection, liés aux bactéries, virus ou toxines que les jeunes enfants ne peuvent pas encore combattre efficacement.

1. LES RECOMMANDATIONS : CATÉGORIE ÉTOUFFEMENT

Les aliments PRD (petits, ronds, durs)

Pourquoi c’est dangereux

Les PRD, ce sont les aliments petits, ronds et durs comme les tomates cerises, les raisins, les billes de mozzarella, les myrtilles, les pois chiches, les cacahuètes, etc.

Ils ont exactement la taille et la forme de la trachée d’un enfant de moins de 5 ans.

S’ils glissent dans la gorge sans être mastiqués, ils peuvent bloquer complètement la respiration.

Je te mets aussi une vidéo explicative ici avec un exemple sur le raisin :

Autrement dit, une seule tomate cerise suffit à obstruer entièrement les voies respiratoires.

Jusqu’à quel âge

👉 Entiers : déconseillé avant 5 ans.

👉 Coupés dans la longueur (jamais en deux !) dès que la pince est bien maîtrisée.

👉 Toujours proposés sous surveillance active d’un adulte attentif.

Les sources officielles

Les sources les plus claires sur les aliments à risque d’étouffement chez les jeunes enfants proviennent du Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) et de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES).

Elles rappellent que pour les enfants de moins de 5 ans, il faut éviter les aliments petits, ronds et durs qui ne s’écrasent pas, comme les arachides entières, grains de raisin, noisettes, tomates cerises et morceaux de pomme crus.

Ces aliments doivent être évités entiers avant 5-6 ans, et proposés uniquement coupés, écrasés ou mixés pour réduire le risque d’étouffement.

Pour les fruits à coque, les recommandations vont au-delà de 5 ans, car leur risque d’obstruction reste important même après cet âge.

Ces informations figurent dans les repères alimentaires officiels du Programme national nutrition santé (PNNS) et dans les recommandations de santé publique françaises.

📍 Sources officielles et ressources utiles :

Saucisses, Knackis et Hot-dogs

Pourquoi c’est dangereux

Les recommandations officielles en France concernant les saucisses et knackis, liées au risque d’étouffement chez les jeunes enfants, insistent sur la manière de les couper avant de les servir.

Ces produits ont un diamètre très proche de celui de la trachée d’un enfant, ce qui les rend particulièrement dangereux lorsqu’ils sont servis entiers ou coupés en rondelles classiques.

Un morceau rond et lisse peut se coincer parfaitement dans la trachée et bloquer totalement la respiration en quelques secondes.

Selon la Fédération des industriels charcutiers traiteurs et les recommandations relayées par des pédiatres et associations de prévention, il faut couper les saucisses dans le sens de la longueur, puis en petits morceaux.

Cette découpe réduit considérablement le risque qu’un tronçon cylindrique entier se loge dans la trachée.

Ces recommandations concernent tout particulièrement les enfants de moins de 4 à 5 ans, âge auquel la mastication et la déglutition ne sont pas encore totalement matures.

Depuis plusieurs années, un avertissement officiel figure d’ailleurs sur certains emballages :

“Pour les enfants de moins de 4 ans, couper la saucisse dans le sens de la longueur, puis en tout petits morceaux afin de prévenir les risques d’étouffement.”

Comme ici sur le site de Herta, la marque qui commercialise les knacki’s :

Cette mention fait suite à plusieurs drames, dont le décès d’un enfant de 3 ans en France, étouffé par une saucisse de type Knacki.

Ici une vidéo de la découpe sécuritaire des saucisses et knackis : https://drive.google.com/file/d/1boCMyiklwc28LStC1jg2-dQ35mnv_s-g/view?usp=sharing

Les sources officielles :

Les sources non officielles mais importantes :

Le quignon de pain en crèche

Le pain présente un risque d’étouffement chez le bébé principalement en raison de la mie qui peut devenir collante et former une boule difficile à déglutir, surtout chez les enfants qui apprennent encore à mâcher. Selon des sources officielles et reconnues, ce risque est accentué par la texture molle du pain non grillé, qui colle au palais ou forme des grumeaux dans la bouche, ce qui peut obstruer les voies respiratoires.

Recommandations officielles pour donner du pain aux bébés

  • Il est conseillé de griller légèrement le pain pour qu’il soit croustillant, ce qui diminue le risque qu’il colle dans la bouche et forme une masse collante dangereuse.
  • Le pain doit être coupé en petits morceaux ou en fines lanières faciles à manipuler et à mâcher.
  • À éviter : le pain trop mou, la brioche, le pain de mie sans croûte, car ils augmentent le risque d’étouffement.
  • La vigilance et la surveillance sont indispensables pendant les repas de l’enfant.
  • Il est préférable d’attendre que l’enfant ait une bonne capacité de mastication, vers 18 mois ou plus, pour des types de pain dont la texture est plus difficile à gérer.

Ces recommandations sont issues de sources spécialisées en nutrition infantile, de documents de prévention et d’expertise pédiatrique. Elles visent à minimiser les risques d’étouffement tout en permettant une introduction progressive et sécurisée du pain dans l’alimentation du jeune enfant.

Ici, on peut retrouver les mots de  Anna Rivera

Instructeur de réanimation cardio-pulmonaire et défenseur de la sécurité communautaire

Mis à jour le 21 novembre 2024

Le pain peut en effet entraîner des risques d’étouffement chez les bébés et les tout-petits, mais principalement en raison de sa forme et du fait que le pain se ramollit en une masse gluante après salivation. En raison de cette caractéristique, les jeunes enfants qui apprennent encore à mâcher ou à avaler auront du mal à le fabriquer en toute sécurité. Cimentation : Cette caractéristique est exacerbée par les pains mous et pâteux qui se collent au palais de l’enfant ou forment des grumeaux, ce qui augmente les risques d’étouffement. enfant qui s’étouffe Pour éviter ces risques, il est recommandé d’utiliser des types de pain inappropriés, par exemple du pain dur, de le couper en petits morceaux et de surveiller constamment les repas de l’enfant. Ce faisant, les personnes qui s’occupent de l’enfant peuvent inclure du pain dans son alimentation, car elles connaissent les risques et savent comment les gérer.

LES RECOMMANDATIONS : CATÉGORIE TOXI-INFECTIONS

On peut maintenant passer à la partie concernant les toxi-infections d’origine alimentaire.

Voici les principaux groupes d’aliments auxquels il faut prêter attention.

Pourquoi certains aliments sont à éviter jusqu’à 5 ans et d’autres jusqu’à 10 ans ?

Les raisons pour lesquelles certains aliments sont à éviter jusqu’à 5 ans, tandis que d’autres sont déconseillés jusqu’à 10 ans, reposent essentiellement sur le degré de maturité du système immunitaire de l’enfant, sa capacité digestive, et sur les risques spécifiques liés à certains germes pathogènes ou à la difficulté de digestion et mastication.

Aliments à éviter jusqu’à 5 ans

Les aliments comme les poissons et fruits de mer crus ou fumés, les œufs crus, ainsi que les fruits de mer crus, sont déconseillés avant 5 ans car ces produits risquent de contenir des germes dangereux tels que la Listeria, Salmonella. Les jeunes enfants sont particulièrement sensibles aux toxi-infections alimentaires car leur système immunitaire est encore immature, ce qui les rend plus vulnérables à ces bactéries pouvant entraîner des maladies graves. Une cuisson à cœur détruit ces germes, rendant les aliments sûrs lorsqu’ils sont bien cuits. C’est pourquoi la cuisson et la pasteurisation sont fortement recommandées pour ces groupes d’aliments.

Aliments à éviter jusqu’à 10 ans

Certains aliments, comme la charcuterie crue, la viande crue (steak tartare, viande saignante), et les fromages au lait cru (à l’exception des fromages à pâte pressée cuite tels que comté, gruyère, emmental), sont à éviter jusqu’à 10 ans. Cela s’explique par le risque persistant de contamination bactérienne plus élevé dans ces aliments et par une moindre capacité des enfants de moins de 10 ans à combattre ces infections. Les règles sont basées sur des données scientifiques et visent à maximiser la protection sanitaire des enfants, qui peuvent être plus gravement affectés que les adultes par ces toxi-infections. L’éviction est donc prolongée pour les enfants plus âgés, car le risque, même s’il diminue, reste significatif jusqu’à un âge plus avancé.

5 ans – Saumon fumé

L’ANSES et le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) recommandent de ne pas proposer de poisson fumé avant l’âge de 5 ans, voire plus tard si l’enfant est malade ou fatigué.

Les poissons fumés (ou crus) sont déconseillés aux enfants de moins de 5 ans en raison du risque infectieux lié à la présence possible de bactéries (comme la listéria), de toxines ou de parasites. Le saumon fumé, par exemple, reste un poisson cru ou très peu cuit, pouvant donc contenir ces agents pathogènes.

Le système immunitaire des jeunes enfants étant encore en développement, ils sont plus vulnérables face à ces risques. Il est donc préférable de privilégier les poissons bien cuits et les aliments à faible risque de contamination, afin d’éviter tout problème de santé lié à la consommation de poisson fumé avant 5 ans.

En revanche, le saumon fumé cuit (par exemple dans des pâtes ou une quiche) peut être servi sans danger, tandis que les poissons fumés non cuits restent à éviter.

Les sources :

AFPA – Les toxi-infections alimentaires : nouvelles recommandations

PDF officiel du Pédiatre (AFPA, 2022)

10 ans – VIANDE PEU CUITE, CHARCUTERIE ET FROMAGE AU LAIT CRU

Que faire si la cantine propose de la charcuterie crue, comme du salami, en entrée ?

De nombreuses cantines et crèches continuent de servir du salami, du jambon cru ou de la rosette à des enfants de 2, 3 ou 4 ans.

Alors que ces produits sont formellement déconseillés dans cette tranche d’âge par toutes les autorités sanitaires françaises et internationales.

Alors si toi aussi tu découvres que ton enfant mange régulièrement de la charcuterie crue à la cantine, je t’explique pourquoi c’est risqué, quelles sont les recommandations officielles, et comment faire pour protéger ton enfant.

Que faire si la cantine propose de la charcuterie crue, comme du salami, en entrée ?

Pourquoi c’est risqué

La charcuterie crue (salami, saucisson, rosette, jambon cru, chorizo, bresaola…) est préparée à partir de viande non cuite.

Elle est simplement salée, séchée et fermentée. Et c’est là que le bât blesse : ce type de préparation ne détruit pas les bactéries pathogènes comme Listeria monocytogenes, Salmonella ou Toxoplasma gondii.

Ces micro-organismes peuvent survivre, voire se multiplier si les conditions de conservation ne sont pas parfaites.

Et pour un jeune enfant, dont le système immunitaire n’est pas encore mature, le risque est nettement plus élevé que pour un adulte.

Une infection alimentaire (listériose, salmonellose…) peut provoquer des diarrhées sévères, une forte fièvre, voire des complications neurologiques ou rénales dans les cas les plus graves.

Les études de l’AFPA et du HCSP sont claires : les charcuteries crues sont à éviter avant 5 à 10 ans

👉 En résumé :

  • Charcuterie crue (saucisson, salami, jambon cru, chorizo, coppa, viande séchée) → à éviter avant 10 ans.
  • Charcuterie cuite (jambon blanc, dinde rôtie, poulet rôti, pâté en conserve stérilisé) → possible dès 6 mois, à petite dose, en privilégiant les produits de qualité et bien cuits.

Le cas particulier des pâtés, rillettes et terrines

Les rillettes industrielles, foie gras et pâtés stérilisés (vendus en conserve ou bocal au rayon épicerie) sont considérés comme sûrs pour les enfants en bonne santé, car la stérilisation élimine la majorité des bactéries pathogènes.

Mais attention :

  • Il faut éviter les versions fraîches du rayon traiteur ou boucherie, qui ne sont pas stérilisées.
  • Ces produits sont souvent riches en sel et en graisses saturées, donc à limiter.
  • Et bien sûr, jamais de foie gras mi-cuit, ni de produits au lait cru avant 10 ans.

Comme le rappelle le Dr Alain Bocquet (AFPA – Mpedia) :

“Les abats, charcuteries crues et viandes insuffisamment cuites exposent les enfants à des risques infectieux évitables. Il est recommandé d’attendre l’âge de 6 à 10 ans selon le produit.”

📍 Source : https://afpa.org/content/uploads/2022/04/Les-toxi-infections-alimentaires-Nouvelles-recommandations-de-prévention-Le-Pédiatre-308-2022-1.pdf

📍 Les sources officielles :

Si tu souhaites informer la cantine, la mairie ou le gestionnaire de restauration, tu peux t’appuyer sur ces références précises et officielles :

Recommandations françaises

AFPA – Les toxi-infections alimentaires : nouvelles recommandationsPDF officiel du Pédiatre (AFPA, 2022)

Mpedia – Recommandations nutritionnelles pour l’enfant

→ Ce PDF du PNNS : https://afpa.org/content/uploads/2022/06/Nouvelles-recommandations-du-PNNS-sur-la-diversification-alimentaire-PerPed-2022.pdf

Exemple de charcuteries crues à éviter avant 10 ans 🚫

Si jamais dans le menu de cantine de votre enfant vous voyez de la charcuterie, voici quelques exemple de charcuteries à éviter cheez les moins de 10 ans :

Type de produitExemplesStatut avant 10 ans
Saucisson secsalami, rosette, fuet❌ Interdit
Jambon cruParme, Serrano, prosciutto❌ Interdit
Viandes séchéesbresaola, viande des Grisons❌ Interdit
Rillettes fraîchesrayon traiteur⚠️ Déconseillé
Pâtés non stérilisésboucherie⚠️ Déconseillé
Saucisses crues/fuméesmerguez, chipolata non cuite❌ Interdit
Lard cru / bacon cruavant cuisson❌ Interdit
Coppa / chorizo crutranché ou chiffonnade❌ Interdit

Ressources complémentaires à partager

Ce ne sont pas des ressources officielles, mais des articles qui appuient fortement les sources institutionnelles et permettent de faire prendre conscience qu’il est temps que les choses changent.

J’aime particulièrement le compte Substack de The French Virologist, docteure en virologie et immunologie. https://thefrenchvirologist.substack.com/p/commencez-ici

Autant dire que niveau sécurité, ses articles sont parmi les plus complets et les mieux sourcés sur le sujet.

LE FROMAGE AU LAIT CRU : Que faire si la cantine en propose ?

Fromage frais, pâte molle, croûte fleurie, lait cru, lait pasteurisé… pas toujours simple d’y voir clair. Comme pour la charcuterie, on va différencier plusieurs types de fromages, certains pourront être servis avant 10 ans, d’autres à éviter.

Pourquoi on pasteurise le lait aujourd’hui

Le lait cru, c’est du lait qui n’a subi aucune pasteurisation, c’est-à-dire qu’il n’a pas été chauffé pour tuer les bactéries qu’il peut naturellement contenir.  En d’autres termes, c’est comme si on buvait le lait directement après la traite, tel quel, sorti du pis de la vache ou de la chèvre, sans avoir été chauffé ni stérilisé.

Ce type de lait peut contenir des bactéries naturellement présentes dans l’environnement de l’animal, et c’est pour ça qu’il est déconseillé pour les bébés, les jeunes enfants, les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées.

À une époque, on ne savait pas faire autrement. Mais aujourd’hui, on sait que certains germes présents dans le lait cru peuvent être responsables de maladies graves, notamment chez les bébés, les jeunes enfants ou pour les foetus.

La pasteurisation a été une vraie avancée pour réduire les risques infectieux, en particulier ceux liés à E. coli, la listéria, la brucellose…

Je sais qu’on peut tomber sur des discours, notamment sur internet, qui accusent les parents de priver leurs enfants de lait cru par excès d’hygiénisme. Selon eux, ce serait la raison pour laquelle les enfants d’aujourd’hui seraient plus “fragiles” et n’auraient plus de défenses immunitaires. On voit aussi de plus en plus de comptes Instagram prônant une “alimentation ancestrale”, qui vont jusqu’à conseiller de servir à leurs enfants de la viande saignante, du lait cru, des œufs crus ou encore des œufs de poules élevées maison, non cuits.

Les enfants d’aujourd’hui ne sont pas plus “fragiles” parce qu’ils boivent du lait pasteurisé. Ils sont simplement mieux protégés. On évite ainsi des infections sévères, voire mortelles, qui touchaient surtout les nourrissons et les enfants vulnérables.

Catégories de fromages (par type de pâte)

ll existe plusieurs types de fromages,

Les fromages à pâte molle et à croûte fleurie

Souvent au lait cru, surtout ceux affinés traditionnellement :

  • Brie (Brie de Meaux, Brie de Melun)
  • Camembert (notamment Camembert de Normandie AOP)
  • Coulommiers
  • Neufchâtel
  • Chaource
  • Saint-Marcellin (quand vendu affiné)

Les fromages à pâte pressée non cuite (souvent au lait cru)

  • Reblochon
  • Saint-Nectaire
  • Morbier
  • Tomme (de Savoie, de montagne, etc.)
  • Bleu de Gex
  • Laguiole
  • Salers
  • Cantal jeune (quand non pasteurisé)

Les fromages à pâte persillée (bleus)

Certains bleus sont au lait cru :

  • Roquefort (AOP, exclusivement au lait cru de brebis)
  • Bleu d’Auvergne (parfois au lait cru)
  • Fourme d’Ambert (vérifier l’étiquette)

Les fromages de chèvre ou de brebis

Certains sont au lait cru, surtout à la coupe ou à la ferme :

  • Crottin de Chavignol
  • Valençay
  • Pélardon
  • Rocamadour
  • Brebis fermiers (type Ossau-Iraty non pasteurisé)

Fromages à pâte pressée cuite (souvent au lait cru)

  • Comté (AOP, toujours au lait cru)
  • Beaufort (toujours au lait cru)
  • Abondance
  • Gruyère suisse (souvent au lait cru)

Quel fromage pour vos enfants ?

Pour les bébés et enfants en bonne santé : tous les produits laitiers au lait pasteurisé sont autorisés. Et oui, même les bleus, roqueforts, reblochon, s’ils sont pasteurisés, c’est tout à fait possible de leur en donner.

Pour les fromages au lait cru, c’est un peu plus compliqué, mais je vais vous apprendre ici à bien différencier ce que peut ou non manger votre enfant.

Les fromages s’ils sont au lait cru, qu’ils soient à pâte molle à croûte fleurie, à pâte pressée non cuite, à pâte persillée, de chèvre ou de brebis sont à éviter jusqu’aux 10 ans de votre enfant.

Par contre, les fromages au lait cru à pâte pressée cuite (la dernière catégorie présentée) peuvent être servis à vos bébés et enfants. En effet, même si le lait est cru, la pâte à fromage a été chauffée à haute température lors du processus de fabrication.

Votre enfant pourra donc manger tous les fromages pasteurisés, ainsi que fromages au lait cru à pâte pressée cuite.

Et pour la croûte du fromage ?

On lit souvent sur internet qu’il faudrait enlever la croûte du fromage au lait cru pour que bébé puisse en manger. Or, c’est une intox. L’ANSES a récemment publié un avis pour rappeler qu’enlever la croûte du fromage ne change rien, car les bactéries sont présentes dans tout le fromage, pas seulement dans la croûte.

Peut-on donner du fromage au lait cru… cuit ?

Lorsque vous préparez une raclette, une tartiflette ou un camembert rôti, une question que vous pourriez vous poser est :

“Est-ce que je peux en donner à mon bébé vu que c’est cuit ?”

La réponse est assez complexe, en fait, la cuisson doit être suffisante, et la température interne du fromage doit dépasser 71 °C. Ce n’est malheureusement pas souvent le cas, surtout pour le camembert rôti, qui est souvent simplement fondu, sans cuisson réelle suffisante pour tuer les bactéries.

Pour la raclette, préférez du fromage au lait pasteurisé pour vos enfants. Si vous n’en avez pas, vous pouvez attendre que le fromage commence à faire des bulles, puis prolonger la cuisson de 2 à 3 minutes. Cela dit, ce type de cuisson donne souvent un fromage très caoutchouteux et pas très DME friendly.

📍 Les sources :

AFPA – Les toxi-infections alimentaires : nouvelles recommandations

PDF officiel du Pédiatre (AFPA, 2022)

The French Virologist – “Aliments déconseillés aux enfants” (2024)

Que faire concrètement si la cantine continue à servir des aliments à risque ?

👉 Étape 1 : Identifier qui est responsable des menus.

Avant toute chose, il faut savoir qui décide réellement de ce que mangent les enfants.

Selon les structures, cela peut être :

  • une diététicienne municipale (souvent dans les grandes communes),
  • les cantiniers eux-mêmes (dans les écoles privées ou petites communes),
  • une entreprise de restauration collective (quand les repas sont livrés),
  • ou encore la mairie, qui centralise les menus pour plusieurs établissements (écoles, EHPAD, hôpitaux, etc.).

Cette étape est essentielle pour s’adresser à la bonne personne.

👉 Étape 2 : Contacter calmement la cantine ou la mairie.

Une fois le bon interlocuteur identifié, écris un message courtois et factuel (par mail, via le cahier de liaison ou en main propre).

Explique que certains produits sont déconseillés pour les jeunes enfants selon les recommandations officielles, et joins les liens de l’AFPA, de l’ANSES ou du HCSP disponibles plus haut.

💡 Tu peux aussi imprimer les pages officielles pour appuyer ta demande et faciliter la compréhension.

👉 Étape 3 : Laisser une trace écrite.

Même si tu en parles de vive voix, il est important de formuler ta demande par écrit, afin de garder une trace.

Joins les ressources, explique les raisons (étouffement, bactéries, âge recommandé) et illustre avec une capture du menu concerné.

Pense à mettre en copie toutes les personnes impliquées :

  • la directrice de l’école,
  • l’adjointe à la mairie,
  • et éventuellement l’association des parents d’élèves.

Cela permet de sensibiliser collectivement et d’éviter que le message se perde.

👉 Étape 4 : Si rien ne change, contacter la direction de la restauration municipale.

Certaines communes n’ont tout simplement pas connaissance des nouvelles recommandations.

Un mail clair et sourcé peut déjà faire bouger les choses.

👉 Étape 5 : En dernier recours, prévenir l’ARS (Agence Régionale de Santé).

Si malgré tes démarches aucune mesure n’est prise, tu peux contacter l’ARS de ta région.

Explique la situation, joins ton mail précédent, les ressources officielles, et précise que ta démarche vise uniquement à protéger les enfants et à harmoniser les pratiques avec les recommandations nationales.

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